Pour ceux qui pensent que la médecine générale est fichue (en sachant que la médecine générale ne peut disparaître immédiatement en l'état actuel de notre vécu sociétal mais que les médecins généralistes en tant que tels sont en train de s'éteindre à petit feu), voici une matinée comme presque une autre.
Histoire de consultation148 : Grande joie et petite lassitude.
Monsieur A, 19 ans, a déposé la veille son carnet de santé et l'imprimé délivré et annoté par une infirmière de la fac (cela s'appelle la délégation des tâches, l'administration se substituant au médecin traitant, et cetera, et cetera) au secrétariat pour que je lui prescrive les vaccins nécessaires pour entrer en médecine. Ce genre de trucs, ça me fait râler (déposer un carnet de santé pour que je prescrive des vaccins) mais cela me permet d'éviter une consultation de plus (1).
Mais aujourd'hui, à propos de Monsieur A, j'ai deux réactions : une de grande joie et une de petite lassitude.
GRANDE JOIE : Monsieur A, que j'appelle par son prénom, A, que je tutoie depuis l'enfance (son premier vaccin à deux mois), a réussi médecine à son premier concours dans une des facs les plus difficiles de la région parisienne. Issu de l'émigration africaine, son père était OS chez Renault, sa mère est femme de ménage, vivant en résidence universitaire, sans contacts, sans relations, cinq frères et soeurs, un appartement trop petit, il a réussi. Chapeau ! C'est l'exception qui confirme la règle : il a réussi à émerger de la médiocrité de l'école de la République qui reproduit les inégalités sociales en ne valorisant pas les bons éléments. Les écoles du Val Fourré, là où j'exerce, sont une catastrophe culturelle et éducationnelle. Je m'en rends compte tous les jours. Je ne critique pas les enseignants qui font ce qu'ils peuvent, je ne critique pas les parents qui font ce qu'ils peuvent, je ne critique que notre société inégalitaire qui court à la catastrophe. Car, je l'ai déjà dit ici, que les classes moyennes inférieures et supérieures pensent encore que leurs enfants vont s'en sortir, en payant, en les inscrivant dans des établissements prétendûment réputés, et qu'ils se moquent des enfants de la classe ouvrière immigrée ou pas qui vivent dans le ghettos, passe encore, enfin, mais ils ne se rendent pas compte que leurs enfants sont, à un autre niveau dans la même galère éducationnelle, dans le même fatras psycho-pédagogique, dans la même galère qui, sous prétexte de modernité, entraîne encore plus de concurrence, de stress, tant et si bien qu'à la fin de leurs études secondaires les enfants des classes supérieures se demandent encore ce qu'ils ont fait à l'école, leur seul souci étant de reproduire le modèle social... mais que les gens dits de gauche ne comprennent pas dans quelle impasse notre société se trouve et qu'au nom d'idéaux respectables mais dont la praticité est mortelle ils conduisent les enfants des ghettos au chômage et au déclassement, cela, c'est plus mystérieux. A moins, bien entendu, que le seul objectif des personnels de l'Education Nationale soit de favoriser leurs propres enfants pour qu'ils fréquentent les mêmes grandes écoles que els enfants des classes supérieures... (2)
C'est une grande joie car je n'y croyais pas beaucoup quand il m'a annoncé, l'an passé qu'il allait s'inscrire en fac de médecine et dans cette faculté. J'ai même failli le décourager. Bravo.
PETITE LASSITUDE : Monsieur A a déposé son carnet de santé et les instructions de l'infirmière du service médical afin qu'il puisse s'inscrire. Bon, nous connaissons, nous les médecins, quels sont les vaccins obligatoires pour pratiquer les professions de santé, et y compris la vaccination contre l'hépatite B dont je vous ai déjà parlé ICI ou LA. La nouveauté, c'est que désormais les imprimés recommandent fortement la vaccination contre la varicelle même si le carnet de santé déclare que l'impétrant l'a déjà eue. Une sérologie est demandée pour l'hépatite B et pour la varicelle. Pour la varicelle ? Les Floret et compagnie sont en train de gagner leur pari sur les vaccinations, le pari de Big Vaccine. La délégation administrative des tâches fait le reste. je vous dis qu'on n'a plus besoin de médecins.
Histoire de consultation 149 : La médecine d'urgence spécialisée dans le commerce.
Monsieur B, 56 ans, avait mal au genou il y a cinq jours. Il est allé de son propre chef et en urgence dans une clinique de mon coin où il a été "vu" par un orthopédiste que j'aime bien. Il revient aujourd'hui avec le résultat des courses et moins 360 euro sur son compte en banque. L'orthopédiste lui a fait fait faire des radiographies simples, une IRM et un échodoppler veineux. Ce qui a été réalisé dans la même après-midi (un coup de bol pour le malade ou une catastrophe sanitaire ?). Je le vois ce jour avec des radiographies des genoux normales, une IRM sub normale, et un échodoppler qui montre un "probable kyste poplité rompu". Bon, pour l'instant, ça va. Il y a autre chose, il me tend aussi un papier pour que je vérifie ses plaquettes. Normales. Accrochez-vous : le patient, qui ne souffre d'ailleurs plus de rien, est sous Lovenox alors qu'il n'y a pas de phlébite. Pensez-vous que j'ai conforté la prescription de lovenox ?
Histoire de consultation 150 : la nodulologie pulmonaire en plein essor.
Monsieur C, 73 ans, vient me montrer les résultats de son scanner pulmonaire. Demandé par le cancérologue qui le suit pour une tumeur gastrique enlevée il y a deux ans (GIST). On avait trouvé il y a six mois des nodules "douteux". Ils ont disparu comme par miracle. Je lui ai demandé d'arrêter les benzodiazépines prescrites par sa femme (je veux dire : extraites de son stock).
Histoire de consultation 151 : Diane 35 frappe encore.
Mademoiselle D, 27 ans, consulte pour un rhume (3) et me montre en fin de consultation le courrier du (de la) dermatologue qui me dit qu'il (elle) a prescrit une bithérapie locale pour son acné après l'arrêt de Diane. Le ton est vaguement sarcastique mais j'ignore si ce dermatologue sait ce que veut dire un ton sarcastique. Je précise tout de suite aux moqueurs que je ne suis ni le prescripteur ni le represcripteur de Diane 35 et que tout s'est passé à l'insu de mon plein gré (précisons encore que je suis, vaguement, le médecin traitant). J'examine le visage de cette jeune femme qui me paraît très acceptable pour un médecin et peu agréable pour elle. Ce qui est moins drôle : le dermatologue a arrêté Diane qu'il avait prescrite mais n'a pas represcrit de pilule. La dissociation cognitive règne chez ce (cette) spécialiste. A moins, bien entendu, qu'en accord avec les experts gynécologues qui attendent cela comme la confirmation de leur science prédictive, le (la) dermatologue veuille que le nombre d'IVG augmente. J'ai prescrit Minidril à Mademoiselle D. Je n'ai rien écrit au (à la) dermatologue.
Notes.
(1) Il y a, dans un autre genre, les patients qui déposent leur dossier MdPH (invalidité ex cotorep) en disant sans rire à la secrétaire : "Le docteur, y peut le remplir vit' fait, j'en ai besoin pour demain..." Bien entendu je ne remplis les 4 pages serrées du document que si le malade a pris rendez-vous au cours d'une consultation dédiée (comme disent les technocrates et les marketeurs), je ne le remplis jamais (il ne faut jamais dire jamais) au cours d'une consultation pour autre chose... Le problème vient de ce que les administratifs de la MdPH ou les assistantes sociales (je consacrerai un jour un billet à ces charmantes femmes) disent aux patients (je sais, je sais, il faut se méfier, les patients disent ce qu'ils veulent bien dire à propos de ce qu'on leur a dit...) de faire remplir le dossier par leur médecin traitant... Il y a aussi les gens qui veulent un certificat pour jouer à la pétanque, le gamin qui veut un certificat pour faire un cross pendant l'année scolaire, ça me gonfle encore plus. Et ce n'est pas la faute des "gens", c'est la faute des règlements à la khon, des clubs sportifs à qui on impose des certificats de merdre, des écoles qui s'imposent à elles-mêmes des contraintes qui n'ont aucune justification ni administrative ni médicale... Et, comme vous pouvez le remarquer, ce n'est pas la CPAM qui impose, c'est la société civile ultra médicalisée pour rien du tout...
(2) Pierre Bourdieu, l'icône de la sociologie moderne, a écrit que l'orthographe était un moyen de sélectionner les élites et l'élite de l'Education Nationale, Philippe Meirieu en tête, a donc décidé de la supprimer, ce qui n'a fait qu'aggraver la situation puisqu'on a dit au peuple de ne pas l'apprendre et qu'on a continué à la transmettre chez les privilégiés. En lisant Lucien Jerphagnon, j'ai eu la joie de lire un texte de Saint-Augustin de 392 condamnant la méthode globale...
(3) Il faudra un jour que je comprenne pourquoi une jeune femme de 27 ans consulte pour un rhume...
Histoire de consultation 150 : la nodulologie pulmonaire en plein essor.
Monsieur C, 73 ans, vient me montrer les résultats de son scanner pulmonaire. Demandé par le cancérologue qui le suit pour une tumeur gastrique enlevée il y a deux ans (GIST). On avait trouvé il y a six mois des nodules "douteux". Ils ont disparu comme par miracle. Je lui ai demandé d'arrêter les benzodiazépines prescrites par sa femme (je veux dire : extraites de son stock).
Histoire de consultation 151 : Diane 35 frappe encore.
Mademoiselle D, 27 ans, consulte pour un rhume (3) et me montre en fin de consultation le courrier du (de la) dermatologue qui me dit qu'il (elle) a prescrit une bithérapie locale pour son acné après l'arrêt de Diane. Le ton est vaguement sarcastique mais j'ignore si ce dermatologue sait ce que veut dire un ton sarcastique. Je précise tout de suite aux moqueurs que je ne suis ni le prescripteur ni le represcripteur de Diane 35 et que tout s'est passé à l'insu de mon plein gré (précisons encore que je suis, vaguement, le médecin traitant). J'examine le visage de cette jeune femme qui me paraît très acceptable pour un médecin et peu agréable pour elle. Ce qui est moins drôle : le dermatologue a arrêté Diane qu'il avait prescrite mais n'a pas represcrit de pilule. La dissociation cognitive règne chez ce (cette) spécialiste. A moins, bien entendu, qu'en accord avec les experts gynécologues qui attendent cela comme la confirmation de leur science prédictive, le (la) dermatologue veuille que le nombre d'IVG augmente. J'ai prescrit Minidril à Mademoiselle D. Je n'ai rien écrit au (à la) dermatologue.
Notes.
(1) Il y a, dans un autre genre, les patients qui déposent leur dossier MdPH (invalidité ex cotorep) en disant sans rire à la secrétaire : "Le docteur, y peut le remplir vit' fait, j'en ai besoin pour demain..." Bien entendu je ne remplis les 4 pages serrées du document que si le malade a pris rendez-vous au cours d'une consultation dédiée (comme disent les technocrates et les marketeurs), je ne le remplis jamais (il ne faut jamais dire jamais) au cours d'une consultation pour autre chose... Le problème vient de ce que les administratifs de la MdPH ou les assistantes sociales (je consacrerai un jour un billet à ces charmantes femmes) disent aux patients (je sais, je sais, il faut se méfier, les patients disent ce qu'ils veulent bien dire à propos de ce qu'on leur a dit...) de faire remplir le dossier par leur médecin traitant... Il y a aussi les gens qui veulent un certificat pour jouer à la pétanque, le gamin qui veut un certificat pour faire un cross pendant l'année scolaire, ça me gonfle encore plus. Et ce n'est pas la faute des "gens", c'est la faute des règlements à la khon, des clubs sportifs à qui on impose des certificats de merdre, des écoles qui s'imposent à elles-mêmes des contraintes qui n'ont aucune justification ni administrative ni médicale... Et, comme vous pouvez le remarquer, ce n'est pas la CPAM qui impose, c'est la société civile ultra médicalisée pour rien du tout...
(2) Pierre Bourdieu, l'icône de la sociologie moderne, a écrit que l'orthographe était un moyen de sélectionner les élites et l'élite de l'Education Nationale, Philippe Meirieu en tête, a donc décidé de la supprimer, ce qui n'a fait qu'aggraver la situation puisqu'on a dit au peuple de ne pas l'apprendre et qu'on a continué à la transmettre chez les privilégiés. En lisant Lucien Jerphagnon, j'ai eu la joie de lire un texte de Saint-Augustin de 392 condamnant la méthode globale...
(3) Il faudra un jour que je comprenne pourquoi une jeune femme de 27 ans consulte pour un rhume...
47 commentaires:
en réf aussi avec le billet "chimio"
histoire de conversations avec ma copine:
r-v avec l'infirmière "dédiée" à la chimio; ma copine ayant été opérée d'un cancer du poumon.
-Quel est votre IMC et combien de calories mangez vous par jour?
Sans doute que cette info est essentielle pour prodiguer moultes conseils de diététique et remplir des formulaires!! Mais où est la préparation à la chimio avec évocation de possibles effets secondaires et tout ce qui va avec?
Puis donc ...chimio...avec fortes nausées et surtout mal de tête considérable.Il est dit de nombreuses fois aux patients qu'il faut signaler tout ce qui arrive. Mon amie, disciplinée signale son mal de tête. Réponse de l'interne très compassionnelle...
-Mais selon le scanner vous n'avez pas de tumeur au cerveau!
Non, mais elle a mal à la tête, j'espère surtout qu'elle suit bien son régime!
Et aussi qu'elle a cessé de fumer...
Il vaut mieux, car à chaque consultation, chaque rencontre avec quelqu'un la question fatidique tombe à chaque fois.
M...Que l'on demande une fois je peux comprendre mais après!
Non seulement c'est une façon cruelle et maladroite de renvoyer le coupable à son crime (et ce n'est pas nécessaire) mais de plus elle est innocente de ce crime là, n'ayant jamais fumé.
Ce qu'il faut apprendre c'est écouter le patient dans ce qu'il a à dire et non pas dans ce que l'on imagine.
La vaccination me rappelle ma 5AHU.
Je m'étais pris assez tôt pour l'hépatite B (1 an avant, pas vacciné). Il fallait entre autre un Tubertest et... du Typhim!
Résultats: aucun stage en biochimie, ni toxicologie bien que l'hôpital possédait les 2 services mais ils étaient incapables, entre eux, de l'organiser pour les externes en pharmacie.
Une question par ailleurs: la bithérapie en remplacement de Diane et en plus le Minidril, ça doit gonfler le risque d'effets indésirables non?
Reçu ce matin au courrier :
"Docteur xxx,
Ci-joint un document à remplir dans les plus brefs délais pour mon assurance de crédit immobilier.
Vous en souhaitant bonne réception.
Cordialement."
Gargl...
@Anonyme : j'ai encore plus fort : mon beau-père a eu sa consultation d' "annonce" (du cancer) sans consultation médicale préalable pour lui dire qu'il a avait un cancer (en plus de fort mauvais pronostic). Mais en gros, c'est bon pour les statistiques du service que le 3C va rendre : le patient a bien eu sa consultation d'annonce infirmière...
Il est sorti en ayant vu qu'un interne bien ennuyé, sans annonce diagnostique (remarquez, il avait compris), sans que personne ne voit ma belle-mère.
Je ne remercie donc pas le service de Gastro du CHU de Rennes qui s'intéresse au cancer digestif surtout depuis le plan cancer 1 et l'arrivée d'argent... (oui je balance car je l'ai toujours en travers de la gorge et cela plus d'un an après!), je ne les remercie pas non plus pour les deux fois où il a du être hospitalisé et pour les deux fois où faute de place, il a passé plusieurs heures aux urgences sur un brancard pour ne jamais atteindre le service de gastro où il n'y a jamais eu de place (ben oui, le soin palliatif, ça intéresse moins du coup...). Il est allé mourir au centre anti-cancer qui est justement lui aussi en train de mourir "grâce" aux efforts du CHU et de certains collègues bien plus préoccupés par la manne financière des plans cancers, les axes de recherche potentielle dans le cancer (je dis bien potentiel car un pubmed sur certains praticiens est assez éloquent par la pauvreté des résultats) car c'est un thème "porteur". Les patients ? leur famille, la détresse de ce petit monde, les besoins en terme de santé publique ? On s'en tamponne.
Je ne remercie pas non plus l'ARS Bretagne de laisser faire, voire de favoriser cet état de fait. Je les accuse même d'aggraver la situation sanitaire (preuves et exemples à l'appui si besoin) par une gestion purement comptable de l'offre de soin (blocage de toute création de SSR, diminution des lits), d'orienter systématiquement les budgets vers le CHU en dépit d'alternatives plus efficientes dans le monde libéral, en dépit parfois du non respect de la réglementation et des cahiers des charges qu'ils écrivent eux-mêmes (j'ai vu un agrément refusé à un établissement privé pour un motif totalement farfelu introduit dans un cahier des charges uniquement au plan régional, agrément refusé pour être donné ensuite au service du CHU qui ne respecte ni la législation ni le cahier des charges en question).
Le système est complètement faussé, on ne donne pas les moyens à la médecine de ville, aux médecins traitants de prendre en charge en toute quiétude les patients cancéreux, on ne met pas les moyens matériels en place pour que le patient ait vraiement le choix de mourir chez lui ou à en établissement de santé.
Le ministère ignore voire méprise les acteurs libéraux de santé alors qu'ils pratiquent souvent une médecine moins chère et de qualité.
Et j'emm... mes ex-collègues hospitaliers, la hiérarchie hospitalo-universitaire qui vont hurler devant ces propos parce que je sais que j'ai raison, qu'ils savent bien que ces propos sont vrais, vérifiables mais politiquement incorrects car l'hôpital c'est le bien, c'est gratuit (sur le dos de nos impôts… néanmoins)…
Oui je les emm... aussi car je pars en vacances ce soir et que ça va me faire un bien fou !
je suis un peu surpris de la réaction du dr 16 à propos de l'éducation nationale.
je ne comprend pas bien le lien que vous faites entre le fait d'"être de gauche" et ce qui se passe à l'école. Les gouvernements de droite et de gauche se succèdent dans le temps avec peu d'évolution sur le fond du fonctionnement de l'école.
L'école et ce qui s'y passe n'est que le miroir d'une société profondément inégalitaire. Comme vous le dites ni les enseignants ni les parents ne sont en cause.
la responsabilité de l'éducation nationale dans la ghettoïsation des difficultés sociales économiques et culturelles est nulle.
Tout au plus une réflexion sur le mythe le l'égalité des chances (qui est illusion) peut permettre de comprendre les mécanismes de la reproduction d'une société qui pérennise un système social. l'éducation nationale n'en est pas l'instrument. Elle n'est que le reflet d'un ensemble plus vaste.
Ni d'accord avec Bill ni avec Picorna
le système scolaire français est totalement organisé pour assurer la réproduction des élites. Pour plein de raisons dont la professionnalisation des politiques qui génère des dynasties d'hommes et femmes politiques, le système des grands écoles, qui définit l'organisation de l'ensemble du système scolaire, la formation universitaire des enseignants, l'absence d'apprentissage des techniques pédagogiques de base par les enseignants, de la psychologie des enfants et d'adolescents, le pédagogisme, les exigences implicites, la promotion de la compétition... Il y a toutes sortes d'enseignants, comme il y a toutes sortes de médecins, mais, autant que j'ai pu le constater, beaucoup d'enseignants adhèrent à l'idéologie élitiste ambiante par commodité et convenance personnelle car il est avéré que ceux qui réussissent le mieux dans un tel système sont ceux qui en maîtrisent les codes et non les plus intelligents ou les plus créatifs.
Avant de parler d'égalité il faudrait veiller à l'équité. La crise aggrave les conséquences inégalitaires, mais aussi sur la santé psychique des enfants d'un tel système, comme le montrent l'une après l'autre les études PISA.
Quant aux ARS, elles sont pour moi la manifestation du néo-libéralisme d'Etat à la chinoise. Avec l'omniprésence de notions comme la performance, l'obsession sécuritaire (veille sanitaire à tous les étages), la promotion de la santé réduite à l'éducation thérapeutique.Mais aussi l'absence de vision globale de la santé publique et la qualité réduite à l'efficience (plus d'indicateurs au summum au moindre coût). Mais aussi l'abolition de la différence entre public et privé: il n'y a pas de vision globale ni de principes directeurs mais des indicateurs de qualité et des "projets" soumis à des appels d'offre. Ce qui permet d'arroser copieusement le secteur privé avec de l'argent public.Mais c'est clair: ce ne sera jamais assez pou le privé qui se pose en victime et les hôpitaux publics coûteront toujours trop cher.
Je ne suis pas sûre que le privé soit si lésé que ça. Les dépenses de santé générées par les cliniques privées ont cru beaucoup plus vite que celles du secteur hospitalier public ces dernières années. Et dernièrement, notre ministre de la santé a remis un chèque d'une demi milliard d'euros au titredu crédit emploi-compétitivité à la Fédération de l'hospitalisation privée, comme l'avait révélé le Canard enchaîné.
@ CMT
Qu'il y ai toute sorte d'enseignants comme il y a toute sorte de médecins est une évidence. il me parait moins évident de parler d'"idéologie ambiante d'élitisme" de la part des enseignants. il y en a (et j'en ai connu quelques un). La plus grande partie est soucieuse de bien faire son travail quelque soient les conditions et le public.
L'"élitisme" à mon avis ne résulte pas de la majorité des établissements scolaires. certains établissements en font leur fond de commerce c'est vrai.
le système conduisant à l'auto promotion des élites par elles mêmes est bien plus complexe. Le népotisme est toujours très puissant ainsi que les réseaux de connaissances.
Etre bien né contribue certainement beaucoup plus à avoir une "situation". La responsabilité des enseignants est ici très faible.
Il y a une idéologie de l'EN qui n'est pas portée par les enseignants intuitu personae mais par un ensemble d'influences provenant de syndicats, de groupes professionnels comme les inspecteurs, les responsables des programmes, de la pédagogie et, quand même, d'influences "progressistes" en partie politiques. Quand on suit son enfant au travers des programmes d'histoire et de français notamment on est parfois frappé de la présentation très politiquement correcte de certains sujets. Et j'ai assez voté à gauche pour le dire.
Cette idéologie est pleine de bonne volonté et de bons sentiments mais est peu attentive aux résultats concrets de son application qui semble parfois vouloir surtout conforter la conviction et la bonne conscience de ceux qui la promeuvent. L'EN est pleine de villages Potemkine, parfois très virtuels, d'enseignants et de cadres de terrain démotivés ou découragés.
Mais il serait trop facile de considérer que l'EN est seule responsable de ces enfants maltraités et mal aimés qui se demandent pourquoi apprendre doit être si pénible...
@ Dr BILL de 12:17
J'ai juste du mal à comprendre la cécité de la gauche à l'égard de l'école.
Exerçant au Val Fourré je vois les ravages de l'école farouchement égalitaire.
Plus généralement la gauche est comme Monsieur + : plus de crédits. La gauche ment quand elle dit que la méthode globale n'est plus utilisée, par exemple. La gauche ment quand elle dit que l'orthographe et la grammaire ne sont que des instruments d'oppression.
Bourdieu et Meirieu sont les fossoyeurs des ambitions républicaines de combattre les inégalités.
Les résultats plaident contre eux mais le dernier nommé se prend pour une victime alors que c'est lui qui dicte les programmes...
Que la droite veuille un système concurrentiel et élitaire, c'est normal, elle sait que ce sont ses enfants qui sont les mieux placés socialement pour y arriver et qu'ensuite les relations feront le reste.
Mais la gauche...
Les enseignants sont charmants mais englués dans le système des promotions géographiques confisquées par les syndicats qui connaissent les chiffres de réussite des enfants d'enseignants (plus élevés que ceux des cadres supérieurs) et confortent leur position dominante en ce domaine.
La France cultive ses élites et se débarrasse de tout principe pour éliminer les plus faibles.
Ce scandale est intolérable : en mai 68 des étudiants sont descendus dans la rue pour une démocratisation et les pourcentages de fils d'ouvriers dans les grandes écoles est identique.
Pour réussir médecine il faut avoir fait une prépa que les fils des classes populaires ne peuvent se payer. idem pour le barreau. Il y a même des classes préparatoires aux classes préparatoires. Payantes.
Ce sujet m'énerve.
Bonne soirée.
@CMT qui dit encore une connerie : les tarifs du secteur privé vont être diminué pour "compenser" le crédit d'impôt suite aux hurlements de la FHF car les hôpitaux n'en bénéficient pas... Encore heureux que les hôpitaux n'en bénéficient pas : ils sont déjà exonérés d'une partie des charges sociales (+600 millions d'euros) et ne sont pas soumis à l'impôt sur les sociétés. Une action en justice est prévue au niveau européen pour rupture d'égalité devant l'impôt si les tarifs sont effectivement revus à la baisse... Tarifs, je le rappelle qui sont inférieurs à ceux de l'hôpital.
Les dépenses des cliniques ont aussi augmentés du fait de la baisse de l'offre publique suite au gel des budgets à l'hôpital. Tout n'est pas rose non plus dans le privé, je ne dis pas le contraire, certains collègues ou certains cabinets (je pourrais donner des noms ;-) ne pense qu'au fric, je m'engueule régulièrement avec certains sur des pratiques absolument lamentables.
Seulement, quand un collègue me dit par exemple qu'une pathologie exclusivement prise en charge en CHU n'est plus leur priorité car elle ne permet pas d'inclure suffisamment dans les essais et n'est plus dans leur thématique de travail, je fais comment moi pour faire traiter leur patient. Quand on propose à l'ARS de reprendre le flambeau (en plus, c'est limite pas rentable mais la clinique suit car c'est une belle vitrine), on nous regarde avec des yeux suspicieux (comme les gros globes oculaires de Marisol Touraine…) en se demandant où est l'arnaque de notre part... Si on a la chance d'avoir des collègues au CHU pas trop cons (c'est le cas dans ma spécialité) et avec qui on s'entend, on a même leur soutien car cela les décharge d'une activité qu'ils ne veulent pas (et ils ont peut être un peu moins mauvaise conscience ?), hé ben ça ne suffit pas, l'ARS met des bâtons dans les roues pour ne pas "ouvrir la boîte de pandore".
Au final, on finit par envoyer les patients vers un CHU plus éloigné et deux ans plus tard l'ARS rêle et engueule tout le monde car les patients ne sont plus traités dans la région et ça crée des frais de transports...
Cher Picorna,
Vous commencez à m’agacer sérieusement avec votre grossièreté congénitale. Il est temps que vous partiez en vacances et ça me fera des vacances aussi. « CMT dit des conneries ». Lesquelles ? Les hôpitaux privés n’ont pas touché un demi milliard d’euros remis par Marie-Sol Touraine ? Ils les ont touché en échange de la promesse de baisser leurs tarifs? Le demi milliard ils les ont touchés. Et quand les tarifs baisseront ils?
Les dépenses d’hospitalisation du secteur privé ne sont pas passées de 10 à 19 milliards, augmentant de 90% entre 2001 et 2010, largement subventionnées par les deniers publics tandis que celles de l’hôpital public augmentaient de 30% ? http://www.irdes.fr/EspaceEnseignement/ChiffresGraphiques/Cadrage/DepensesSante/ConsoMedicaleTotale.htm
Et vous savez aussi bien que moi, vous venez de l’admettre, à quel point les cliniques privées sont génératrices d’actes inutiles, pour les raisons mêmes que vous citez, l’appât du gain, actes qui sont en même temps dangereux pour le patient et néanmoins remboursés par la sécurité sociale.
Citez moi donc, par ailleurs, l’article de loi qui fait obligation aux cliniques privées de recevoir tous les publics, y compris insolvables. Ou de limiter les prétentions des médecins en matière de dépassements d’honoraires, pour tenir compte des possibilités financières des patients.
Il n’y a pas de service public dans les cliniques privées. Et, pour cause, ce ne sont pas des services publics mais des sociétés à but lucratif. Cela dit, indépendamment de la qualité individuelle des médecins qui y travaillent.
Vous venez aussi de confirmer ce que je disais depuis longtemps, à savoir à quel point la liberté laissée aux laboratoires pharmaceutiques de s’infiltrer dans les hôpitaux pour promouvoir une multitude de faux essais cliniques était délétère et détournait les hôpitaux de leur rôle de service public. Je vous cite :» un collègue me dit par exemple qu'une pathologie exclusivement prise en charge en CHU n'est plus leur priorité car elle ne permet pas d'inclure suffisamment dans les essais ».
Alors je trouve que je ne dis pas tant de conneries que ça et qu’il est urgent que vous preniez des vacances avant de continuer à en dire vous-même.
Un petit lien pour illustrer ce que je disais sur les actes inutiles, phénomène en aggravation constante avec la T2A et la part croissante du secteur privé dans le système de soins http://www.medscape.fr/autre/articles/1528823/ .
Sur l’école, on arrive au débat de fond. Un débat qui n’est pas vraiment nouveau car il s’est déroulé à la Convention au moment de la révolution française. L’école républicaine actuelle est l’héritière très directe des débats qui ont eu lieu à ce moment là et de la manière dont ils ont été tranchés.
Nous avions déjà eu une longue discussion sur l’école à l’occasion d’un billet sur la dyslexie http://docteurdu16.blogspot.fr/search/label/DYSLEXIE
Une remarque préalable. On peut penser que l’organisation du système d’éducation d’une nation est anecdotique et ne joue aucun rôle dans l’organisation sociale et les rapports de force qui traversent la société. Mais, comparé aux systèmes éducatifs de pays semblables le système français présente des spécificités qui le rendent unique. Et en premier lieu, me semble-t-il, la structuration descendante de tout le système à partir et en fonction des grandes écoles. Et il est très curieux que, au nom de l’égalité et d’une supposée méritocratie républicaine l’on accepte dans un consensus quasi parfait, que tout le système scolaire soit dévolu à permettre l’émergence d’une élite. Elite qui se définit uniquement par sa capacité d’accéder aux lieux institutionnellement dédiés à la fabrication des élites que sont les grandes écoles. Il en est tellement ainsi que toute la société, à commencer par les enseignants, affichent ouvertement leur dédain pour les « perdants », ceux qui sont orientés, très souvent par défaut, dans les voies, considérées comme subalternes que sont les formations professionnelles, parce qu’ »ils n’y arrivent pas ». L’école républicaine écrase et dévalorise les plus défavorisés et conforte les plus favorisés dans la légitimité de leur pouvoir.
En s’intéressant à la période révolutionnaire, on s’aperçoit, comme très souvent quand on regarde en arrière, qu’il n’ya rien de nouveau sous le soleil. Les adversaires de l’époque qu’étaient Condorcet d’une part et Robespierre et Le Pelletier d’autre part avaient posé les termes du débat de manière bien plus claire et approfondie que ce que l’on s’autorise à faire maintenant, plus de deux siècles plus tard.
Deux projets d’école s’opposaient. Celui de Condorcet qui , tout en tenant compte des réalités contraignantes de son temps (enfants utilisés comme main d’œuvre et source de revenus par leurs parents dans les milieux populaires) prônait l’instruction comme source de progrès personnel et d’EMANCIPATION de l’Homme.
Talleyrand, proche de Condorcet, disait en 1789 dans le rapport sur l’instruction publque : »n e sait-on pas que, même sous la Constitution la plus libre, l’homme ignorant est à la merci du Charlatan, et beaucoup trop dépendant de l’homme instruit ». Et, plus loin, «Un des caractères les plus frappants dans l’homme est la perfectibilité ». Et Condorcet, disait, de manière encore plus claire en 1792 : » Tant qu’ il y aura des hommes qui n’obéiront pas à leur raison seule, qui recevront leurs opinions d’ une opinion étrangère, [...] le genre humain restera partagé en deux classes : celle des hommes qui raisonnent et celle des hommes qui croient, celle des maîtres et celle des esclaves. » Il ajoutait qu’il était souhaitable que la gestion des écoles se fasse le plus loin possible du pouvoir central : « La première condition de toute instruction étant de n’ enseigner que des vérités, les établissements que la puissance publique y consacre doivent être aussi indépendants qu’ il est possible de toute autorité politique »
A cette vision émancipatrice de l’école s’opposait la vision de Robespierre et Le Pelletier, de l’école comme outil de formatage des élèves et des citoyens destinée à les plier aux principes révolutionnaires et à la vision « éclairée » de l’élite dont il faisait lui-même partie. L’’école n’est plus un lieu d’instruction, comme pour Condorcet (fournir aux futurs citoyens les outils pour exercer pleinement leur raison en toute autonomie), mais un lieu d’éducation « totale » du citoyen. Pour cela Le Peletier introduit le principe des programmes scolaires qui deviendrontt la pierre de touche de l’enseignement au sein de l’Education Nationale. Dès lors, tous les élèves, regroupés par date de naissance, sont censés progresser au même rythme en suivant ce fil conducteur indépassable et incontournable. Ce n’est plus l’élève qui est au centre de l’enseignement mais les programmes. Depuis 40 ans que je connais l’école française sous tous les angles possibles je constate chez les professeurs du second degré la même terreur de « ne pas boucler le programme » qui semble prendre largement le pas sur la terreur de ne pas faire progresser les élèves. La première Ecole Polytechnique a vu le jour dès 1795.
Le problème, c’est la conception du système elle-même et aussi les tendances qu’il génère. De 1987 à 2007 le pourcentage des élèves de milieux défavorisés dans les grandes écoles est passé de 29% à 9%. Comme je le disais, les évaluations PISA, tous les trois ans, montrent une aggravation constante des tendances inégalitaires du système scolaire français.
Le problème n’est pas celui de l’accès à une égalité parfaite comme on le présente habituellement pour éviter toute tentative de remise en cause du système actuel. Et, comme le disait Condorcet, à une époque où l’injustice n’allait pas de soi, comme une réalité soi disant incontournable : « Il est impossible qu’une instruction même égale n’augmente pas la supériorité de ceux
que la nature a favorisés d’une organisation plus heureuse. Mais il suffit au maintien de l’égalité de
droits que cette supériorité n’entraîne pas de dépendance réelle, et que chacun soit assez instruit
pour exercer par lui-même, et sans se soumettre aveuglément à la raison d’autrui, ceux dont la loi
lui a garanti la jouissance. Alors, bien loin que la supériorité de quelques hommes soit un mal pour
ceux qui n’ont pas reçu les mêmes avantages, elle contribuera au bien de tous, et les talents comme
les lumières deviendront le patrimoine commun de la société » http://www.ibe.unesco.org/publications/ThinkersPdf/condorcf.pdf
Je ne sais pas quelle est la position, actuelle, de Meirieu concernant l'orthographe. Trouvant dommage de présenter cette personne sous ce seul jour, j'indique ci-après un document vidéo, agréable à suivre, présentant son parcours(en espérant qu'il sera pour vous, ou d'autres une source de découvertes) : http://www.capcanal.tv/video.php?rubrique=5&emission=5&key=c4qZvbnCnv
[l'autonomie, basée sur le respect de la personne, qui est le fil rouge de l'action de Meirieu, me semble par ailleurs une capacité également chère à vos yeux, isn't it ?]
@ Dr 16.
Dans ce débat sur la gauche et l'enseignement je me sens naïf et je n'ai pas les références érudites révolutionnaires de certains contributeurs.
Cependant la proximité avec des enseignants qui travaillent dans des collèges situés au sein de "zones" (ou se concentrent les personnes les plus vulnérables de notre société) ne se réclament ni de gauche ni de droite.
Il y a longtemps que les antiennes de la grammaire et de l'orthographe comme instrument d'oppression n'existent plus.
les débats théoriques sur les concepts de penseurs "gourous" ne font plus partie des références des jeunes enseignants.
Leurs préoccupations, est de simplement pouvoir faire leur travail dans des conditions difficiles qui sont le miroir de l'endroit ou se trouve le collège. Beaucoup d'élèves sont très attachés à leur collège car c'est pour eux un des seuls endroits ou ils se sentent considérés et accueillis.
Que la France cultive ses élites est une réalité. il vaut mieux être riche et bien né...
Mais cette réalité n'est pas de la responsabilité des enseignants. Les enseignants connaissent les codes pour que leurs enfants réussissent c'est aussi une réalité. Mais ce n'est pas parce qu'ils possèdent ces codes qu'ils sont responsables d'une société qui broie les plus faibles et les maintient génération après génération dans une misère économique physique et culturelle. Il en est de même chez les médecins dont beaucoup sont des "fils de" et j'en suis un exemple.
C'est trop facile et réducteur de faire porter le chapeau d'une situation très inégalitaire et injuste à une catégorie professionnelle.
je constate que dans notre pays, la pensée américaine plus exactement la pensée "wasp" s'infiltre dans les esprit d'autant plus insidieusement qu'elle n'est jamais nommée. Cette idéologie du mérite et de l'origine culpabilise celui qui n'a pas réussi.
A anonyme,
JCG répondra mais je pense que les bons sentiments sont une forme honteuse et inavouée de destructivité. Une négation de l'autre qui s'avance masquée et qui détruit bien plus sûrement que la haine la plus sauvage, contre laquelle il est plus facile de se défendre.
A Bill,
si j'ai cité les origines du débat c'est pour poser les questions de fond, celles qui me paraissent les plus pertinentes, et non pour faire étalage d'une érudition que je n'ai pas en la matière. Je ne fais que suivre le fil de ma pensée et me servir des outils que la technologie m'offre.
Mais vous posez aussi la question de la responsabilité et du libre arbitre (cela aurait pu être une question du bac de philo).
Tout système démocratique ou non tend à la préservation des rapports de force qui le sous-tendent. Pour cela il a des outils. Les conflits d'intérêts en sont un, important.
Les médecins ne sont ils pas responsables de pratiquer de la mauvaise médecine au prétexte qu'ils ont été mal formés et qu'ils sont sous l'influence de Big Pharma et qu'il est porteur pour eux commercialement de répondre aux demandes des patients? Les enseignants, au prétexte qu'ils sont tenus par les programmes, les inspecteurs, et qu'ils sont mal formés, ne sont ils pas responsables d'accepter de prodiguer un enseignement élitiste au prétexte qu'ils savent que leurs enfants seront mieux lotis que les autres tant que le système sera maintenu?
Personne n'est-il responsable de rien?
Responsable ne veut pas dire coupable. Il s'agit du type de responsabilité qui amène l'enseignant à assumer sa part de responsabilité dans l'échec des élèves et à ne pas les renvoyer en permanence à leur nullité.
Je suis d'accord que le vécu est schizophrélique pour les enseignants soumis à des injonctions paradoxales. Mais je ne vois pas tant d'enseignants (sauf dans les quartiers défavorisés effectivement) disposés à changer un système qui les maltraite mais les favorise en même temps.
@ Anonyme du 6 juillet 2013 à 11:05
Que Philippe Meirieu se réclame de l'autonomie ne m'étonne pas. N'importe quel aidant nous parle de cela avec des trémolos bureaucratiques dans la voix. Je vous répondrai plus tard mais le concept d'autonomie est un fourre-tout idéologique qui va de Kant à Illich en passant par les penseurs libéraux du self.
A bientôt.
Certes, il en va du concept, de la notion, de l'idée... d'autonomie comme de n'importe quel autre : il peut se prêter à un discours dont on chercherait parfois en vain une traduction effective dans les faits.
Il me semble que justement de multiples, et maintenant séculaires, tentatives, approches ont cherché à initier, à mettre en œuvre cette autonomie et non seulement à la souhaiter ou à la décréter.
http://www.capcanal.tv/video.php?rubrique=5&emission=5&key=c4qZvbnCnv
Dans l'attente patiente de vous lire.
Ecouter Philippe Meirieu m'inspire plusieurs réflexions. Je suis surpris par le manque de références et d'exemples concrets au discours général sur la pédagogie, je suis d'accord avec la solitude des enseignants auxquels certains voudraient déléguer l'intégralité de l'éducation des enfants, je ne comprends pas bien la différence formelle entre la loi que peut édicter une religion, interprétée par les hommes, et la loi de nos sociétés civiles, quant à attendre pour parler que le silence soit fait et que tous aient abandonné leur téléphone portable...
Au final, il me semble toujours voir la même discordance entre un discours et des faits.
Au-delà de la personne de PM, les discours sans vraie traduction pratique satisfont l'orgueil et la bonne conscience des adultes.
Les faits et leurs résultats pèsent sur des enfants qui n'en peuvent mais. Et pas seulement ceux des CSP les moins favorisées (qui en paient le prix le plus fort néanmoins).
Je le répète, notre système éducatif n'aime pas les enfants et les maltraite. Et je retiens mes mots.
Et ça m'énerve aussi.
@ CMT.
Vous affirmez que les enseignants acceptent un enseignement élitiste pour favoriser leurs enfants dans un système qui s'autorégule. Leur responsabilité individuelle est de ce fait mise en cause dans la pérennité du maintien d'un statu quo.
Vous faite un raisonnement analogue pour les médecins et leurs conflits d’intérêt avec l'industrie du médicament.
Ce qui fait que la responsabilité individuelle est engagée c'est l'absence de pensée critique et de réflexion, y compris dans un système que l'on approuve pas forcément.
Ce qui m'irrite dans votre réponse, c'est l'impression que personne parmi les enseignants ne se pose de question sur ce système qu'aucun enseignant n'essaie de le faire évoluer, qu'aucun médecin ne réfléchi aux conflits d’intérêt qui lui fait prendre des décisions inappropriée...
C'est le "tous pourris" qui m'énerve. Docteur du 16 s'exprime parfois d'une façon provocatrice qui va dans ce sens.
Il me semble que la défense d'une pensée peut se faire dans la nuance.
Je maintient que ce n'est pas la connaissance des codes qui favorise les enfants d'enseignants qui rendent responsables ceux ci des défauts du système. C'est comme dire que c'est parce que les enfants des employés de la s.n.c.f. ont des tarifs préférentiels que ça explique comment cette entreprise est mal gérée...
A Bill,
c'est vous qui interprétez. De par mon travail je suis en contact quasi quotidien avec des enseignants. Il m'est même arrivé de leur faire cours.
J'ai été aussi déléguée de parents d'élèves. Je connais donc le discours des enseignants sur les élèves et la terrible résistance qu'ils peuvent parfois opposer au fait d'assumer une quelconque responsabilité pédagogique dans la réussite des élèves. A ce sujet j'ai entendu tous les arguments possibles et imaginables. En tête de liste la nécessité de respecter et boucler les programmes.En passant par celui du fait de fausser l'impitoyable compétition scolaire en favorisant pédagogiquement un élève en difficulté. Argument que je ne peux m'empêcher de trouver assez fallacieux et hypocrite, sachant à quel point la compétition scolaire est faussée dès le départ, et plutôt en faveur des enfants de professeurs comme en témoigne leur omniprésence dans les classes prépa et puis aussi à l'Assemblée Nationale, parmi les élus en général...
Il faut aussi avouer que les problématiques et, je pense, la formation, ne sont pas les mêmes dans le primaire et dans le second degré.Les enseignants du second degré ont l'obligation ingrate de séparer le bon grain de l'ivraie. Phase ultime et essentielle à l'émergence de la fameuse élite républicaine.
Je dirais qu'étant donné le côté culpabilisant de cette sélection, qui, pour eux, s'apparente assez à envoyer un certain nombre d'élèves dans des voies de garage, ils n'ont d'autre solution, n'étant pas outillés en termes de formation pédagogique, que d'en rejeter toute la responsabilité sur les élèves, pour éviter un excès de culpabilité qui deviendrait vite invivable. Certains sont critiques, je suis d'accord, mais s'ils étaient majoritaires le système n'y survivrait pas longtemps.
La Finlande n'a pas vécu de révolution ni rédigé de Déclaration des Droits de l'Homme.
Mais les programmes scolaires y sont bien plus souples et les enseignants sont rigoureusement sélectionnés et formés et sont tenus comptables de la réussite des élèves.
Ce qui me fait hurler c'est la souffrance que ce système génère.
Il faut être aveugle ou aveuglé par des conflits d'intérêts pour ne pas la voir.
@CMT J'ai entendu les mêmes choses que vous de la part d'enseignants, avec la même réaction. A leur décharge, je pense qu'ils sont écrasés et impuissants devant l'institution. Changer les choses revient à affronter les syndicats, tous les corps qui ne sont pas au contact du public, les politiques, et aussi les parents ! Les enseignants, seuls devant leurs responsabilités et, peut-être, une certaine culpabilité, seraient à mon avis capables de changer des choses, pragmatiquement, sur le terrain, si on leur en donnait les moyens. Mais que peuvent-ils devant ceux qui tiennent leur présent et leur avenir, dont les conflits d'intérêts et la soumission à l'idéologie sont bien plus forts ?
@ Dr Bill. Que c'est compliqué.
Je ne dis pas : Tous pourris. Je dis : Tous aréflexifs.
Quand j'entends des médecins dire que recevoir la visite médicale ne les influence pas, cela m'inciterait à faire pratiquer une IRM cérébrale pour rechercher des trous.
Il existe des enseignants qui résistent mais les inspecteurs sont là pour les rappeler à l'ordre.
Interrogez les orthophonistes de votre secteur et vous verrez, Bill, combien ils auraient des choses à dire à Ph Meirieu. Mais il n'écoute que les progressistes, pas les réactionnaires.
Je parlerai plus tard de l'autonomie, vaste sujet.
Bonne soirée et merci à tous pour ces réflexions.
A NP
Je serais assez d’accord avec vous. Mais plus encore que la difficulté à agir pour changer un système qui génère à ce point injustice, souffrance, et échec ce qui me dépasse est l’incapacité des acteurs (y compris un grand nombre de parents, vous avez raison, parmi ceux qui espèrent que LEUR enfant saura tirer son épingle du jeu dans la compétition scolaire) à seulement IMAGINER qu’autre chose puisse être possible.
Il faudrait que les Français se rendent compte à quel point cette organisation de l’école française peut-être choquante aux yeux de personnes qui, comme moi, ont connu autre chose et qui ne comprennent pas qu’on puisse maltraiter ainsi des enfants. Apparemment je ne suis pas la seule http://www.petergumbel.fr/fr/le-livre .
Un des éléments qui font perdre tout espoir de changement est la polarisation du débat sur l’école entre deux extrêmes tout aussi éloignés de la réalité et des besoins des enfants. D’un côté, le pôle pédagogiste avec son chef de file, Philippe Meirieu, artiste qui sort de son chapeau des grandes théories dont il se gargarise et qu’il cherche ensuite à plaquer sur les élèves dont il ne connaît ni la réalité ni les besoins dans des expérimentations à grande échelle. Les méthodes globale et semi-globale ont été le désastre que l’on sait , ont été imposées de manière autoritaire aux enseignants et ont grandement contribué à l’aggravation des inégalités.
Elles ont aussi contribué au succès des théoriciens de la « baisse du niveau » comme Jean-Paul Brighelli, une espèce de beauf excité, auteur de « la fabrique du crétin »qui, en raison de l’échec supposé de la démocratisation de l’enseignement (pour échouer encore eut-il fallu avoir essayé) prône la fin du collège unique et un retour à l’instruction à l’ancienne et à la dure. http://blog.causeur.fr/bonnetdane/surnotation-equitable,00401 Pour lui, faut faire le « tri » avant l’entrée au collège. Et on sait, grâce aux études comparatives de l’OCDE, que cette orientation précoce revient à accepter d’office que des enfants n’acquièrent jamais les bases de l’instruction et deviennent des citoyens de deuxième zone.
Il représente le courant élitiste « décomplexé » qui méprise ouvertement les élèves et je crains qu’il ne soit représentatif de ce que pensent un certain nombre d’enseignants du second degré qui ne cessent de se plaindre qu’on ne leur apporte pas sur un plateau des élèves dignes de leur enseignement. Lui et ses suiveurs http://jypenseetpuisjoublie.blogs.nouvelobs.com/tag/m%C3%A9thode+globale ont de quoi faire peur.
Pendant ce temps, le seul projet pour réduire les inégalités est celui de l’égalité des chances. A savoir, permettre à un petit nombre d’’élèves issus de milieux défavorisés qui ont réussi à surnager dans le système scolaire ordinaire d’espérer entrer dans une grande école, à condition de se mesurer à des enfants d’énarques pour qui l’accès à de grandes écoles a été depuis toujours une évidence http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/06/22/le-moteur-de-l-egalite-des-chances-en-panne_3434773_3224.html . On continue ainsi à alimenter le mythe qu’il n’y a pas de réussite possible en dehors des grandes écoles et que celles-ci doivent rester au centre de tout le projet de l’Education Nationale.
Il y avait déjà eu une discussion sur ce thème de l'enseignement et des enseignants à propos de la dyslexie. Ce fut plutôt animé … L’État français veut être mondialement compétitif sur certains secteurs comme l'aéronautique, aérospatial, l'énergie nucléaire, l'armement, qui ne sont pas des objectifs pour la Finlande citée par CMT. Ces grandes options ayant été faites au plus haut niveau et depuis longtemps (au moins de Gaulle), il reste à s'organiser pour se maintenir dans la course mondiale. Aussi l'Etat demande à l'EN de fournir les cadres nécessaires pour atteindre ses objectifs. En ce sens et dans cet esprit, Napoléon avait crée l'école polytechnique et demandé au mathématicien Monge de l'organiser. Vous voyez, ce n'est pas nouveau ! Au cours d'une visite faite à la célèbre école Mitterand avait demandé qu'elle évolue pour mieux atteindre des objectifs qui n'ont rien à voir avec l'épanouissement des individus.
L'éducation nationale est ainsi soumise à une formidable pression par le relai d'un système qui va contraindre les enseignants à fonctionner d'une certaine façon. Les enseignants répercutent alors cette pression sur les élèves. Quand les volumes horaires, leur répartition dans le temps, les programmes, les conditions d'examens et les critères de carrière ont été définis, la marge de manœuvre de l'enseignant est très limitée.
Il en va de même pour la médecine : quand vous fixez la durée de vos consultations à 15 minutes en raison du prix imposé de 23€ il y aura certaines formes de médecines que vous ne pourrez pratiquer. Mon médecin fait des consultations de 45 minutes pour 48€ pratiquement non remboursées, ce qui ne l'empêche pas d'avoir 3 mois de rendez-vous. Mais êtes-vous prêts à faire comme lui ?
D'une manière générale, enseignants et médecins sont soumis à un système qui les dépasse et dans l'enseignement il n'y a pratiquement pas de secteur libéral et les critères d'examens sont imposés.
On peut évidemment soutenir que le but de l'enseignement devrait être autre que ce qu'il est. Mais quel devrait-être le but de la médecine ? On ne peut ramener une réflexion sur l'EN aux comportements d'enseignants de même qu'une réflexion sur la médecine ne saurait se limiter à décrire des comportements de médecins.
A BG,
La première école polytechnique a donc été créée en 1795 à Strasbourg et non par Napoléon.
La question de la finalité de l’enseignement a été tranchée au moment de la Révolution entre 1789 et 1793 par des débats suite à des « rapports sur l’instruction publique ». A l’époque il n’était guère question de mondialisation ni d’industrie aérospatiale. Justifier une décision qui date d’il y a deux-cents ans par la compétition internationale…Visiblement les anachronismes ne heurtent pas beaucoup votre raison. Il n’y a pas grand-chose qui heurte votre raison, d’ailleurs. Je m’en suis aperçue en échangeant avec vous. Des tendons qu’on déplace à volonté aux machines mystérieuses qui guérissent les fractures si je me souviens bien. Si vous étiez un patient je prendrais sans doute le temps et j’aurais la patience de discuter avec vous. Sur un blog je n’ai pas cette patience.
Sur le fond de votre raisonnement si je vous suis : on va sacrifier 750 000 élèves chaque année pour pouvoir en faire entrer 500 dans les grandes écoles au nom de la compétitivité ? Est-ce bien raisonnable ? C’est pourtant la tendance. En réalité on en sacrifie totalement 17 à 18% (120 000 par an) qui ne termineront pas leurs études et n’auront aucun diplôme http://www.cahiers-pedagogiques.com/blog/lesdechiffreurs/?p=35 , une grande partie des restants sont orientés par défaut dans des voies qu’ils ‘ont pas choisi et deviennent réfractaires à l’école et aux apprentissages. Par exemple en 2011, la moitié, environ des un peu moins de 600 000 bacheliers ont passé des bacs professionnels ou technologiques. Parmi ceux qui se sont présentés à la filière générale 99 000 (soit quelques 35% des 280 000 qui se sont présentés à cette filière) étaient des enfants de « cadres et professions intellectuelles supérieures » alors que cette catégorie socio-professionnelle ne représente que 9,4% de la population, soit plus de 3,5 fois plus de chances pour cette catégorie d’accéder à un bac général que leur représentation réelle dans la population. La France est l’un des pays où le milieu social influe le plus sur le niveau scolaire. L’observatoire des inégalités a bien analysé tout cela. http://www.inegalites.fr/spip.php?page=sous_rub_complete&id_groupe=20&id_mot=115
La conclusion à en tirer est simple et directe : le pays des Droits de l’Homme et de de l’Egalité est l’un des pays développés les plus inégalitaires en matière d’accès à l’instruction et aux diplômes.
D’où tenez vous, d’autre part, que permettre à 500 élèves d’accéder aux grandes écoles chaque année a une influence prépondérante sur les performances économiques de la France ?
Et à supposer que cela ait été vrai (rien de moins certain), qui a décidé que l’objectif de l’enseignement était de permettre à l’industrie aérospatiale de vendre plus d’avions ?
Quant à la surcharge supposée de travail des enseignants, là aussi vous lancez des idées au hasard sans savoir de quoi vous parlez. Les enseignants du second degré en France passent moins de temps devant les élèves que la moyenne européenne et le tiers en moins que ceux du premier degré (plus gros écarts en Europe entre ces deux catégories d’enseignants, 936 heures par an dans le premier degré contre 648 au second degré)
Je cite « Le constat est bien différent au niveau secondaire. En France, les enseignants certifiés ne donnent que 648 heures de cours par an devant les élèves (18 heures sur 36 semaines de cours) aux deux niveaux du secondaire, alors que les enseignants agrégés dispensent 540 heures de cours par an (15 heures sur 36 semaines de cours). Ces chiffres pour la France sont bien éloignés de la moyenne OCDE car les enseignants donnent en moyenne 709 heures de cours par an dans le premier cycle du secondaire et 664 heures par an dans le second cycle du secondaire. Ils sont également nettement inférieurs à ceux du primaire. » http://educationdechiffree.blog.lemonde.fr/2013/06/25/etre-enseignant-au-primaire-ou-au-secondaire-deux-metiers-si-differents/
Cela ne veut pas dire que les classes ne sont pas surchargées, que le niveau des élèves n’est pas hétérogène, que les programmes ne sont pas inadaptés et qu’ils ne sont pas sous la coupe de l’arbitraire des directives et contre-directives et des inspecteurs pédagogiques. Cela ne veut pas dire non plus qu’ils n’ont pas envie de travailler mais il s’agit d’un rejet quasi viscéral de l’institution puisque beaucoup d’enseignants consacrent beaucoup de leur temps personnel à des activités en rapport avec l’ enseignement, comme par exemple en faisant des blogs pour leurs élèves.
Les questions de formation en premier lieu, comme pour les médecins d’ailleurs, de l’élaboration des programmes et de l’état d’esprit qui préside à leur élaboration ainsi que celle des conditions de travail sont bien plus centrales.
Je suis d’accord sur un point : la marge de manœuvre individuelle des enseignants est assez faible. Mais elle existe. Je parlais de ce point avec une ancienne enseignante, Chantal Picot, devenue une brillante formatrice en éducation à la sexualité, et elle me disait que tout ce que risque un enseignant qui ne se conforme pas aux dictats des inspecteurs est de ralentir l’avancement de sa carrière. La crainte des enseignants est donc sans commune mesure avec les risques réels et elle a été aussi formatée pendant leurs propres études : peur de l’échec, peur de l’autorité http://educationdechiffree.blog.lemonde.fr/2013/01/08/les-eleves-francais-du-primaire-et-secondaire-ont-peur-de-mal-faire/ .
Quant à votre idée de dire à tous les médecins de faire comme votre propre médecin, celui pour qui les tendons se déplacent… Vous en aviez déjà parlé. Demandez donc à votre médecin s’il voudrait que tous les médecins fassent comme lui. Je ne crois pas car il verrait alors sa clientèle fondre comme neige au soleil.
Pour aller voir un médecin qui se fait payer 48 euros non remboursés il faut remplir plusieurs conditions :
- Il faut disposer de 48 euros , ce qui n’est pas le cas de tout le monde, et de moins en moins de monde
- Mais aussi il faut avoir la foi et une bonne dose de superstition, et les disciples potentiels de tels maîtres à penser ne sont pas en nombre illimité
Une fois de plus CMT vous ne cherchez pas à comprendre ce que je veux dire. Vous partez au quart de tour pour attaquer les personnes dont les propos vous dérangent plutôt que de chercher à comprendre. Ce n'est pas nouveau, j'ai l'habitude avec vous et je constate que vous n'avez toujours pas pu modifier vos réactions intempestives, confondant les jambes du joueur avec le ballon (l'argument)…
Quand le roi voulait ou devait faire la guerre il devait exercer une pression sur son peuple pour disposer des moyens nécessaires à ses objectifs, que ce soit avec des lances, des arbalètes, des canons ou des avions. C'est vrai à toutes les époques même si la forme particulière prise par les objectifs change avec le temps. Ce n'est pas parce qui n'y avait ni avion ni conquête spatiale en 1800 que cela change quoi que ce soit au fait qu'une volonté politique de puissance conduit à organiser le pays afin de tenter de la satisfaire. C'était ce fait essentiel que je voulais rappeler dans mon intervention afin de montrer que les malheureux enseignants avaient une responsabilité bien limitée dans la situation que je ne cherche nullement à défendre.
Que ce soit Napoléon ou autres qui ait lancé la première école polytechnique ne change rien à cette loi générale et fondamentale, c'est un simple détail sans aucune importance que vous brandissez, ce qui conduit à masquer la loi fondamentale que je viens de rappeler. Soit dit en passant, dans les bouquins d'histoire du lycée, de mon temps, on apprenait effectivement que l'école Polytechnique avait été fondée par Napoléon, c'est une certitude. Il est vrai qu'à l'école primaire mes enfants apprenaient que c'était Pasteur qui avait inventé le vaccin antivariolique.
En rappelant cette loi qu'impose le pouvoir politique je n'ai évidemment jamais voulu dire que l'organisation de l'enseignement choisie et imposée par celui-ci aux enseignants était la meilleure possible ni qu'il fallait l'accepter sans broncher. Je n'ai pas parlé non plus de la surcharge de travail des enseignants mais de la pression qui s'exerce sur eux pour produire les cadres attendus par le pouvoir afin de satisfaire ses ambitions (ingénieurs par exemple capables de concevoir et construire des avions performants etc...). Par un procédé certes classique mais détestable car de nature strictement polémiste, vous m'attribuez des intentions qui ne sont pas les miennes (car je n'ai jamais vraiment aimé le système enseignant dans lequel j'étais plongé et au sein duquel j'ai du vivre pendant toute ma carrière) afin de me critiquer plutôt que d'essayer de comprendre ce que j'avais voulu rappeler. Il est vrai qu'ici tout ce qui n'est pas médecin est exécré, ce qui révèle d'ailleurs, soit dit en passant, un des problèmes majeurs de la médecine et des médecins.
J'avais parlé du déplacement des branches du nerf sciatique dans le mollet et ce parce que j'en avais eu une expérience en déplaçant une brouette trop lourde : comme je l'avais décrit, j'avais très nettement ressenti une fibre (je ne dis pas ce que c'était) qui s'était déplacée latéralement dans le mollet gauche. Cette expérience, je suis certain de l'avoir vécue en 1985. Peu après j'ai ressenti une douleur latérale gauche au niveau du bassin. J'ai attribué cela à la charge pesant sur le bassin et en aucun cas au déplacement de cette fibre dans le mollet. J'ai souffert plus ou moins de cela pendant plus de 20 ans. Un thérapeute non médecin et formé en Chine m'a dit que le nerf sciatique était déplacé dans mon mollet gauche (plusieurs fibres, il y en a 3 je crois). Il en a suivi les trajectoires avec les pouces, en remontant presque jusque sous le genou pour exercer sur la fin une pression latérale. C'est extrêmement douloureux, à hurler, aussi il m'était difficile de suivre exactement ce qui se passait dans mon mollet mais au terme de sa poussée il disait, "ça y-est, il est passé". Il est arrivé aussi qu'il recommence une seconde fois en cas d'échec. Est-ce du bluff intégral ? C'est sans doute ce que vous pensez car, comme me la confirmé un ami kiné, les nerfs sont des structures molles qui ne se déplacent pas. Mais quelques temps après j'ai constaté que je ne ressentais plus rien dans le dos alors que cette douleur m'avait accompagné pendant plus de 20 ans. Il fallait sans doute que l'inflammation se résorbe. Plus tard j'en ai parlé avec ce thérapeute : pour lui, c'est ce qu'on lui avait appris, un déplacement latéral du nerf sciatique dans le mollet déclenche une inflammation qui se manifeste au coude du nerf sciatique dans le dos. Il m'a raconté plusieurs cas qu'il avait ainsi traité dont une chirurgienne des yeux à laquelle ses collègues avaient proposé de lui ouvrir la gaine du nerf sciatique... J'étais d'ailleurs avec elle dans la salle d'attente après son traitement, elle avait fait 200 km pour se faire traiter ainsi et ne comprenait pas pourquoi cette technique simple ne s'enseignait pas. On préfère promouvoir les anti-inflammatoires. Si j'ai parlé de cela c'est parce que j'avais eu une expérience personnelle. Je ne me suis jamais fait remettre en place des tendons et je ne sais pas si ceux-ci, plus gros sans doute et je présume beaucoup plus courts, peuvent se déplacer.
Quant à votre propos sur mon médecin qui prend 48€ pour 45 minutes et sa clientèle formée d'adeptes dont il serait le maître à penser … c'est parfaitement stupide, d'ailleurs il ne s'occupe pas des nerfs qui se déplacent. Si j'ai dit cela c'était pour montrer la dépendance du médecin vis à vis du système qui, en imposant ses tarifs vous contraint à pratiquer la médecine d'une certaine façon alors que d'autres pourraient aussi être possibles mais pas avec des consultations de 15 minutes. Analogie avec les enseignants prisonniers des horaires, des programmes et des critères d'examens. D'ailleurs ce thème avait été abordé sur ce blog il me semble ?
J'ai rarement rencontré quelqu'un aussi respectueux de l'autre que ce médecin. Il essaie de comprendre son patient pour rechercher une réponse aussi adaptée que possible. C'est pourquoi il faut du temps. Mais vous le traitez de ceci ou de cela alors que vous ne le connaissez nullement. Une fois de plus vous n'avez pas cherché à comprendre le sens de mon propos, polémiquant en vous agitant dans une pantomime aussi ridicule qu'infondée. C'est triste et affligeant de voir un médecin se comporter ainsi. Si je dis cela c'est parce que ce n'est pas la première fois que cela se produit et pas uniquement avec moi. Je pense avoir été très, très patient, alors …
@BG Deux questions: vous voulez construire des ponts, des connecteurs électriques, des systèmes de filtration, etc... N'y a-t-il de salut qu'à X, Centrale, je ne parle pas de Normale Sup...?
Vous voulez avoir le maximum d'assurances de vous retrouver dans la haute fonction publique, les grands corps, et/ou à la tête des grandes entreprises étroitement connectées à l'état et au pouvoir, ou près du pouvoir tout simplement. Y a-t-il un salut assuré hors Normale, X, Centrale, ESSEC, HEC et ENA ?
Parce que c'est de ça qu'on parle, pas de la formation d'ingénieurs qui ne vient qu'au second rang des préoccupations...
Franchement NP je ne comprends pas votre remarque en relation avec mon propos ? J'illustre simplement par des exemples brefs et parlants mais il y a bien d'autres filières que celles que je citais. D'ailleurs je parlais des grands objectifs d'Etat que sont, entre-autres, l'armement, l'industrie nucléaire, l'aviation et le spatial car ces secteurs (mais il y a aussi la pharmacie et les vaccins ...)ont été jugés essentiels par le pouvoir politique (mon opinion, si j'en ai une, n'a rien à voir dans cette analyse) pour maintenir le rôle de la France dans le monde et disposer ainsi d'un poids politique dans le concert des Etats et les discussions internationales.
J'avais voulu seulement rappeler brièvement cela pour montrer que le débat qui avait lieu sur ce blog ne pouvait se limiter à dénoncer des comportements d'enseignants alors qu'ils sont écrasés par le système et j'en souffrais moi-même, croyez-moi. Mais j'ai aussi constaté que beaucoup de mes collègues semblaient heureux de participer à son fonctionnement. On peut jouer le jeu sans pour autant y adhérer dans son âme, si on ne peut faire autrement.
PS - Je suis quand même étonné que CMT ou vous alliez chercher un mot par ci ou par là pour en tirer des conclusions sur mes intentions ou la signification de mon propos alors que ce que vous choisissez et surtout la façon dont vous l'interprétez n'a rien à voir avec ce que je voulais dire comme par exemple :
"Vous voulez avoir le maximum d'assurances de vous retrouver dans la haute fonction publique, les grands corps.." Je n'ai jamais voulu dire cela, je ne comprends pas, vraiment pas.
@BG Je me suis sans doute mal exprimé. Le "vous" que j'employais n'était pas une adresse ad hominem, j'aurais du écrire "un jeune bachelier". Je voulais simplement dire que l'objectif de former des ingénieurs n'est plus, de fait, l'objectif principal et unique du top des grandes écoles. C'est la voie d'accès privilégiée au pouvoir économico-politique des jeunes ambitieux.
Je ne vais pas contre ce que vous dites, je dis simplement qu'à mon avis, le système éducatif français sélectionne une élite au sommet de laquelle se trouve le pouvoir politico-économique. Et que ce mode de sélection me parait, comme à CMT, qu'y puis-je, brutal, inéquitable et confit d'une hypocrisie odieuse. Et que le sujet de ces discussions sur l'éducation est celui là: comment former, sélectionner et orienter nos enfants. Et non le fondement des raisons de l'Etat à vouloir former des ingénieurs de Sup Aero...
PS : excusez-moi de parfois réagir sur un mot et de me méprendre. Je me laisse parfois aller à l'énervement et je ne prends pas le temps d'aller chercher toutes les sources d'une réflexion hors de mon domaine de compétence, je l'avoue. Et puis, on me dit en coulisses que je suis compliqué à lire. Vais faire un effort...
A BG,
vous avez un sens certain du comique burlesque. Vous donnez des arguments, ensuite vous niez que vous les avez donnés et puis vous vous posez en victime. Votre style me rappelle les vieux feuilletons à la manière des "three stooges". Des dialogues sans queue ni tête ou les uns donnent des réponses surréalistes à des questions qu'on ne leur a pas posées.http://www.youtube.com/watch?v=pP3VAtGLQms
Vous commencez par dire que les particularités du système scolaire français par rapport à la Finlande se justifieraient par le besoin de former une élite qui assure le leadership de la France au niveau économique. C'est du moins ce que j'ai compris.
Je vous cite:"L’État français veut être mondialement compétitif sur certains secteurs comme l'aéronautique, aérospatial, l'énergie nucléaire, l'armement, qui ne sont pas des objectifs pour la Finlande citée par CMT. Ces grandes options ayant été faites au plus haut niveau et depuis longtemps (au moins de Gaulle), il reste à s'organiser pour se maintenir dans la course mondiale. Aussi l'Etat demande à l'EN de fournir les cadres nécessaires pour atteindre ses objectifs"
Je vous ai déjà fourni différents arguments et j'ajouterai celui-ci: en quoi l'émergence d'une élite nécessiterait d'empêcher une majorité d'accéder au meilleur niveau possible d'instruction? Est-ce qu'une élite ne peut se concevoir que par élévation relative en abaissant le niveau de la masse des élèves?
Le choix d'un système d'enseignement n'est pas purement fonctionnel à visée économique, à supposer, comme je l'ai déjà dit, que quelqu'un puisse établir un jour une relation quelconque entre l'existence de diplômés de grandes écoles et les performances économiques de la France. C'est un choix de société qui entretien des relations étroites avec le degré de civilisation, l'échelle des valeurs et le degré de démocratie de cette société.
Il n'y a pas de mal et je suis d'accord avec vous sur le fait qu'il y a au sommet le politique ou politico-économique si vous voulez, c'est exactement ce que je voulais rappeler. Que cela fasse beaucoup de dégâts dans la population, je suis aussi tout à fait d'accord, y compris chez les "heureux" sélectionnés.
Mais je ne pense pas qu'il sera possible d'y changer quelque chose en pensant qu'il suffirait d'agir sur les enseignants en discutant avec eux. C'est à peu près comme si on pensait que pour résoudre nos problèmes financiers il suffirait de persuader le caissier de la banque de nous donner quelques billets, il n'en a pas le pouvoir.
Pour avoir une chance il faudrait montrer qu'on pourrait tout aussi bien et mieux encore satisfaire les objectifs de puissance des dirigeants (même si on ne les partage pas) par une formation tenant davantage compte des aspects humains plutôt que d'avoir des cadres stressés, lessivés par la dureté de la sélection, rendus arrogants par le sentiment d'appartenance à une caste, tout cela étant préjudiciable à l'efficacité et à la créativité scientifique et technique dans la durée.
Par contre, si on pense que le respect de critères humains demanderait obligatoirement de renoncer aux objectifs de puissance des dirigeants, alors il n'y a, à mon avis, aucune chance pour le moment.
PS - cela répond en même temps au dernier commentaire de CMT qui veut continuer à m'attribuer ce qui provient du système, selon l'analyse que j'en fait. Mais s'il-vous-plait CMT, ne confondez pas une analyse d'une situation (analyse qui n'est pas forcément juste) avec ce qui serait mon propre point de vue et c'est cela que vous ne semblez pas capable de distinguer. Vous m'attribuez ce qui provient du système auquel je n'adhère d'ailleurs pas.
En réalité, nous sommes probablement à peu près du même avis mais nous formulons et analysons différemment, alors on ne se comprend pas ...
Mon précédent commentaire répondait à NP. J'ai ajouté le PS après avoir découvert le commentaire de CMT sans modifié ce qui précédait.
A BG,
en effet, je comprends mieux.
D'où la question de fond de la responsabilité individuelle, qui avait été soulevée par Bill.
Parce que si le seul espoir d'échapper à une domination croissante d'un petit groupe d'individus est d'attendre que ceux-ci se résolvent à renoncer à leur pouvoir...
Pour l'école, il y a une communauté d'intérêts de fait entre les classes favorisées et les élites qui entretient le statu quo.
V. Peillon a voulu tenter quelque chose, il me semble. Si ce quelque chose aboutit à accorder plus de temps d'enseignant aux enfants dont les parents ne peuvent pas les aider aux devoirs, dont les parents ne savent pas comment stimuler la curiosité de leurs enfants, dont les parents ne peuvent pas payer de cours particuliers à leurs enfants,quitte à en accorder moins aux autres, ce ne sera pas de l'égalité mais un peu plus d'équité.
D'abord merci CMT
Je voudrais rappeler un principe qui sévit partout et dans tous les domaines : pour tirer le maximum des individus il faut les placer en situation de concurrence entre eux.
On observe cela dans le commerce avec des vendeurs sous pression extrême. En sciences c'est la course aux publications etc.
Quand on applique ce principe dans l'enseignement ça donne ce que vous dénoncez. Dans les lycées dotés de classes prépa la préparation au concours commence dès le collège afin de chauffer les meilleurs éléments car chaque lycée est noté selon ses résultats dans les concours.
Dans les sphères dirigeantes ce principe de mise en concurrence systématique et forcenée a de nombreux partisans mais les dégâts humains sont énormes et tout autant chez les sélectionnés que chez les évincés même si ce ne sont pas les mêmes dégâts. Dans la situation de concurrence mondiale totale je doute que ce principe soit abandonné dans des délais prévisibles ...
@Heu, franchement,BG : "partout et dans tous les domaines"...
Vous trouvez que la fonction publique, par exemple, est le royaume de la mise en concurrence des agents ? Et que les profs, par exemple, sont soumis à une évaluation/sanction identique à celle qu'ils appliquent aux élèves ?
Encore une fois, le problème est que la concurrence n'est pas la même pour tous, bien au delà de l'aléa de la naissance et de la vie. Et que certains de ceux qui ont un sac déjà léger au départ veillent à bien profiter du poids de celui de leurs concurrents.
Bon, j'arrête là.
@ Dr du 16.
Votre avis sur l'"aréflexie" globale des confrères vis à vis de la visite médicale ne concerne pas tous les médecins en particuliers les généralistes.
Nombres de confrères ne reçoivent plus les commis voyageurs de l'industrie pharmaceutique. (pour ma part depuis plus de 20 ans). L'existence d'une revue comme "prescrire" et sa pérennité témoigne aussi de l'intérêt porté par la profession à une information médicale libre et critique.
La science du marketing invente chaque jour des techniques insidieuses pour rendre redevables ceux d'entre nous qui acceptent plus ou moins volontairement de s'y soumettre. Plus les cadeaux de big pharma semblent anodins (un livre, un stylo, des croissants pour la secrétaire et les médecins du cabinet...) plus les "cibles" répondent favorablement. "Ils" ne sont pas sympa, "ils" sont très pro et savent comment nous manipuler.
Je commence à avoir un peu de recul et ce qui se passe maintenant dans les pratiques d'influence sur les prescripteurs n'a plus rien à voir avec ce qui se passait il y a 30 ans.
Les conflits d'intérêts se sont diversifiés à tous les niveaux.
Pour en revenir à ce que vous décrivez comme une aréflexie, j'y voit plutôt une tension qui s'est créée entre une industrie pharmaceutique volontariste et un courant critique soutenu par un bon nombre de confrères qui ne veulent pas s'en laisser compter. J'y vois une lueurs d'espoir.
Résister vous dis je...
@ Dr Bill
Ce qui est incroyable : les médecins qui reçoivent la visite médicale en disant qu'ils ne sont pas influencés.
Pour le reste : il est normal que Big Pharma fasse de la publicité pour ses produits mais il n'est pas normal que cela ne soit pas régulé.
Je ne résiste pas (je laisse cela aux homosexuels cubains qui viennent à peine de sortir des camps), je gagne du temps de cerveau.
Bonne journée.
A propos de ce que dit Bill
Résister, d'accord. Mais ce n'est pas un but en soi. Encore faut-il savoir à quoi et pourquoi on résiste.
Pour les visiteurs médicaux j'ai été étonnée de la proportion relativement (très relativement) importante de médecins qui n'en reçoivent pas mais il ne faut pas trop s'illusionner sur ce que sont les grandes tendances.
D'après une enquêt IPSOS citée par la HAS:"Selon les enquêtes IPSOS pour la HAS (début 2007 et début 2009), une large majorité de médecins
libéraux reçoit les visiteurs médicaux. La proportion de médecins ne recevant pas les visiteurs
médicaux est très stable d’une vague à l’autre de l’enquête, et correspond à 20% des médecins
généralistes et 30% des médecins spécialistes. Ceux qui reçoivent la visite ont des contacts fréquents
avec les visiteurs médicaux avec respectivement un peu plus de deux et cinq visites par semaine pour
les spécialistes et les généralistes respectivement. Ils estiment accorder en moyenne entre 12 et 14
minutes par visite (d’autres études font apparaître une durée inférieure)."
A NP et BG
Pour une fois, ce n'est pas coutume, mais cela peut le devenir, je serais d'accord avec BG.
Machiavel le disait déjà: "diviser pour mieux régner"
Et je pense que c'est une des plus grandes réalisations de la société néo-libérale d'avoir réussi à multiplier les antagonismes et à réduire la société à une sorte d’agrégat de groupes d'intérêts se battant chacun pour leur près carré et les uns contre les autres: chômeurs contre actifs, patients contre médecins, fonctionnaires contre libéraux, anti-mariage gay contre pro, enseignants contre élèves ou parents, jeunes contre vieux … chaque groupe étant persuadé que ce que le groupe antagoniste obtient lui est volé à lui. Cela garantit à cette nouvelle forme de totalitarisme néo-libéral des beaux jours devant elle.
Tout cela est possible parce qu’insidieusement, de manière quasi subliminale, les valeurs de la nomenklatura dirigeante ont été incorporées par tous. Chacun est persuadé que l’accumulation de biens et de pouvoir est le but le plus élevé. Ou, si l’on n’en est pas sciemment persuadé, si l’on a du mal à l’admettre car cela heurte trop nos valeurs, l’ on se comporte comme si cela l’ était.
La classe moyenne a les aspirations de la classe dirigeante, qu’elle prend pour modèle, sans en avoir les moyens.
J’avais lu un joli petit livre d’un sociologue Alain Accardo intitulé le petit bourgeois gentilhomme. Je le cite parce que cela a un rapport avec le débat que nous avons eu ici : « Une fois la rationalité objective du système incorporée dans les agents par leur socialisation, c’est le plus souvent sans effort particulier ni calcul explicite qu’ils font ce qu’ils ont à faire, de la façon qui convient, à la place où ils sont, pour faire fonctionner les structures existantes. Que cela nous plaise ou non, nous devons admettre que nous sommes largement robotisés et que, selon le mot de Leibnitz, « nous sommes des automates dans les trois quarts de nos actions ».
@ CMT.
Ne voir le Diable que sous les formes du néo libéralisme me paraît bien aventureux. Il n'était pas nécessaire d'être néo libéral pour construire des camps. L'élitisme révolutionnaire fondé sur la croyance que le chef a toujours raison n'en était pas moins condamnable et... diabolique. Nous avons même droit, en Chine, au néolibéralisme marxiste.
Bonne journée.
Voila que tu éprouves le besoin de me coller une étiquette.
Tu es bien l'un des rares Français que je connaisse qui n'éprouve pas le besoin de coller des étiquettes dès que quelqu'un exprime une idée. Besoin très cartésien de ranger les gens et les idées dans des petites boites.
Je croyais avoir été assez claire en opposant le totalitarimse "éclairé" de Robespierre et l'humanisme réaliste de Condorcet.
M'as tu entendu défendre Mao ou Staline?
Je ne suis pâs une "anar" comme DD mais je pense être une démocrate dans l'âme.
Bien sûr, il y avait les seigneurs et les serfs au moyen-âge, par exemple, et les corporations.
Mais la différence majeure aujourd'hui est l'absence d'utilisation avérée et assumée de la force. La différence est la soumission librement consentie.
Et celà nous le devons au libéralisme, au capitalisme, son expression économique en général et à la société de consommation en particulier, qui en est l'expression sociétale.
La notion de néo-libéralisme se discute. Ce n'est que l'évolution naturelle, une forme de justification idéologique à postériori de cette étape du capitalisme que nous vivons actuellement.
Bises :D) (ma fille m'a appris a faire des smyleys et j'espère que je ne me suis pas ratée)
@ CMT
Nous vivons une époque confuse ou les options par défaut, le libéralisme et le néo libéralisme, sont au devant de la scène en raison de l'échec meurtrier du communisme.
La difficulté d'être de gauche, actuellement, c'est que la gauche ne sait pas où trouver un espace entre les barbelés et Wall Street.
je suis perdu.
A bientôt.
Nous sommes perdus. Mais nous au moins, nous le savons... Je sais que je ne sais pas, le début de la sagesse.
A+
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