Un congrès à Chicago (ASCO 2023)
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Norbert Milstein pète les plombs.
Le scandale est total. La session animée par Perez est sur le point d’exploser. Ce qui ne fait plaisir ni à la firme commercialisant le guéritouzimab puisque la présentation ne sera jamais reprise ni aux intervenants suivants car il va être très difficile de retrouver le calme.
Milstein est dans une fureur noire. Contre toute attente il a saisi son Mac et vient de le fracasser par terre. Il pousse des cris, il hurle (et tous les smartphones de la salle sont en train de le filmer), on entend des « salope », « putain de saloperie de chienne », « elle me le paiera ». Mais pour l’instant c’est Milstein qui paye. Son invraisemblable réaction donne raison à sa femme : non seulement c’est un mari ignoble mais il parle comme un voyou.
Gers et Berson tentent de le raisonner mais il faudrait déjà le contenir, tenter de l’empêcher de donner des coups de pieds dans les sièges et d’essayer de les désosser.
Et tout d’un coup, alors que les agents de sécurité se pressent dans les allées pour s’emparer de lui, il se calme, il s’assoit par terre et se met à pleurer, la tête enfouie dans ses mains. La communauté oncologique assiste à cet effondrement et, bien qu’aucun sondage scientifiquement validé n’ait été fait, il semble qu’une majorité des collègues français aient du mal à éprouver de l’empathie, de la solidarité ou de la compassion pour ce qui fut le terrorisant Milstein.
Il accepte de sortir de la salle accompagné par des gardes dont le physique rend compte de l’épidémie d’obésité aux Etats-Unis d’Amérique et du fait qu’il ne faut pas plaisanter avec des agents de sécurité, le coupable fût-il blanc de chez blanc et les agents afro-américains de chez Afro-américains. Gers, Berson et Marie DeFrance suivent le mouvement et le président US de la firme a déjà appelé un avocat.
Au fond de l’immense salle Cora Milstein et son fils Jonathan ont assisté aux événements, cachés discrètement derrière des lunettes noires et leurs programmes. Ils n’imaginaient pas, même en rêve, que cela prenne une telle tournure. Ils jubilent. Pas une once de regret. Il fallait qu’il paye. Fred Kubistki n’est pas loin : il leur fait un signe de tête et les accompagne vers la sortie juste après que le professeur a évacué la salle.
Il est minuit passé à Paris et les téléphones portables sonnent quand même. Tous les congressistes qui ont assisté à ce cirque annoncent la nouvelle à leurs familles et à leurs collègues et parfois amis. Les salles de rédaction sont prêtes à réagir. Les journalistes présents dans la salle n’ont pas d’hésitations déontologiques mais des réflexions sur les conséquences que cela pourrait avoir pour les premiers dénonciateurs. Faut-il assassiner l’oncologie française qui nous fait vivre ? Est-ce que l’opinion française ne va pas plus rire que s’indigner ? Après tout, c’est un bon oncologue, on se moque de sa vie privée… Quant au mari d’Ursula, il sera la première victime collatérale…
(Pour reprendre Un Congrès à Chicago depuis le début : ICI)
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