Un congrès à Chicago (ASCO 2023)
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Posters, Milstein, FDA, Benzolft, Art Institute.
Après que chacun a rangé son matériel et ravalé sa morgue pour le peu de succès qu’autant d’efforts ont suscité, mais il restera une affiche, des photos et une légende de plus dans « Titres et travaux », chacun s’en retourne au quotidien du congrès qui déroule son ennui avec compétence.
Gers et Brébant ont décidé de s’éclipser et de prendre le large avant la fameuse présentation de Milstein cet après-midi. Ils ont réservé des places pour 11 heures au musée et l’affiche qu’ils ont placée sur le stand du laboratoire pour informer d’éventuels suiveurs n’a rencontré que peu de succès.
Gers a eu droit à un nouvel appel de Milstein qui, tout patron de droit divin qu’il soit, pète de trouille à l’idée que sa présentation pourrait ne pas se passer comme il faut, c’est-à-dire pour entretenir sa propre gloire et non celle de la molécule qui doit sauver le monde. Il a donc convoqué une dernière fois son collaborateur, on ne dit pas esclave à l’AP-HP, pour une ultime répétition et ils refont le binz dans sa suite pour la énième fois pendant qu’Ursula fait beaucoup de bruit dans la baignoire et ne daigne pas se montrer.
Brébant est appelé par sa femme au milieu d’une réunion. Elle se plaint qu’il ne l’appelle pas assez souvent et elle lui parle, elle n’est pas médecin, de la rhinopharyngite de l’aînée pour laquelle un rendez-vous chez le pédiatre est prévue cet après-midi. Ladite réunion à laquelle Brébant participe avec des membres du staff franco-états-unien lui fait regretter d’être un humain tant la bêtise des uns se dispute à l’arrogance des autres mais il se persuade que ce n’est quand même pas pire que de pousser des wagonnets dans une mine de fer ouïghoure… La comparaison est nulle mais il est clair que tout le monde sait dans cette pièce que la FDA va se mettre en quatre pour permettre à la molécule Frick-Gers, il simplifie, d’obtenir une Emergency Use Authorization parce que la branche US a mis un paquet de dollars dans la poche des futurs votants…
Hélène Benzolft s’est jointe à leur escapade intellectuelle, une psychiatre membre de l’ASCO dont la double spécialité est de parler de la mort des malades aux oncologues et de leur propre mort aux malades traités par les oncologues. Dans les deux cas elle se heurte à un mur car les malades n’ont pas envie de mourir et les oncologues n’ont pas envie qu’on dise qu’il arrive que leurs malades meurent. Benzolft a énormément de succès : ses conférences abordent avec beaucoup de tact et d’humour des sujets qui ne font plaisir à personne et les thérapies de groupe qu’elle anime avec les patients dans le cadre strict de l’hôpital public sont réputées. Il lui arrive également, dans son cabinet du seizième arrondissement de Paris, immeuble haussmannien typique, parquet d’époque et boiseries dans le même métal, de recevoir des oncologues en thérapie avec une discrétion légendaire qui va jusqu’à ne pas prévenir les femmes des consultants et encore moins le Conseil de l’Ordre qu’elle couche souvent avec eux. Mais cela mérite un chapitre de plus.
(Pour lire depuis le début Un Congrès à Chicago : LA)
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