Un congrès à Chicago (ASCO 2023)
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Le professeur Norbert Milstein.
L’hôtesse blonde avec les cheveux tirés en chignon derrière la tête a eu le temps de leur reverser un verre de champagne.
- Quand est-ce qu’on se fait une virée à l’Art Institute ? demande Brébant.
- Lundi matin ou lundi après-midi, comme tu le sens.
- Je vais regarder. Cela va être cool.
Gers sait combien les congrès sont une décharge constante d’adrénaline, entre les réunions à préparer, les présentations à répéter, le décalage horaire, trop d’alcool, trop de nourriture et les à-côtés sexuels. Une virée au musée ne lui fera pas de mal et il est certain qu’il y aura moins de congressistes sous les cimaises que lors des virées dans les clubs de strip-tease de Chicago organisées par les labos.
Milstein s’approche de son chef de clinique en portant un masque FFP2.
- Tu penses qu’on pourra se parler un peu pendant le vol ?
- Un problème, Monsieur ?
- Non, il y a deux ou trois trucs que j’aimerais voir pour la présentation de dimanche.
- Quel genre ?
- Il faut qu’on regarde au moins une fois toutes les écrans pour que je me cale définitivement avec le texte. Je répèterai tout seul sur place puis on fera une répétition en conditions réelles…
- OK.
- Mais, surtout, c’est le plus important, il faudrait que tu me prépares des questions casse-pieds dont les Américains ont le secret afin que je me prépare à y répondre. Ou plutôt, que tu m’écrives les réponses. Cela me rassurera.
- Bonne idée…
Brébant s’enfonce dans son siège. Il a entendu la conversation. Ce congrès ne va pas être une partie de plaisir. Il a des poulains partout, des rencontres dans tous les sens, des projets à finaliser, des patrons à rencontrer, des dîners à organiser et une direction qui le tient par les couilles. Il joue une partie difficile avec Gers car il a beaucoup misé sur lui et il faut absolument que les actions du jeune chef de clinique pendant ces cinq jours soient valorisées à son juste niveau, car l’objectif final est qu’il devienne PU-PH afin que la Firme ait un pied solide dans la place pour la poursuite de ses projets de développement en France. Sa position dans le service de Milstein est inconfortable pour des raisons ethniques et également parce qu’il ne fait pas partie de la grande famille de la famille des patrons de l’AP-HP parisienne où les entrelacs dynastiques sont nombreux et compliqués. Ensuite, Gers a aussi un gros défaut : il est brillant et il ne doit pas faire de l’ombre aux arrivistes sans talent qui n’hésiteront pas à le traîner dans la boue pour le mettre à l’écart. Brébant sait par quel bout cela va arriver et il s’est promis d’en parler à Gers pendant le séjour.
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