lundi 12 juin 2023

Un congrès à Chicago (ASCO ou American Society of Clinical Oncology) : Quelques journalistes influenceurs et influencés. 6.

 

Un congrès à Chicago (ASCO 2023)

6

Quelques journalistes influenceurs et influencés.


Gers aperçoit avec surprise Sylvie Bouloux, la chroniqueuse médicale du Monde, une femme d’une quarantaine d’années, ancienne maîtresse de l’ancien directeur de l’Agence du médicament, pharmacienne de profession, qui écrit des articles sous la dictée des grands patrons de l’Assistance Publique de Paris en choisissant à chaque fois le plus avenant et dont la lecture de la littérature scientifique se résume aux communiqués de presse de l’industrie. Gers la connaît de vue, elle l’a plusieurs fois appelé sur les conseils de Milstein pour obtenir des détails sur un nouveau médicament anti cancéreux dont elle fera l’éloge dans son journal. C’est elle qui s’approche de lui. Qui paye la classe affaires ?

« Bonjour, vous faites combien de présentations ? - Une, mais j’ai un poster, un pro/con et des réunions multiples. - Comme d’habitude. Un brillant garçon comme vous. On peut convenir que je vous interrogerai une fois sur place ? - Avec plaisir. »

Bouloux fait du journalisme de complaisance, c’est-à-dire qu’elle reproduit avec sincérité les propos des gens qu’elle interroge, parfois en commettant des erreurs, sans jamais émettre la moindre critique, elle en serait d’ailleurs bien incapable, mais ce n’est pas le but de ce genre de journalisme, le but est, en faisant croire comme argent comptant les propos des professeurs ou, ici, d’une jeune pousse désignée par Milstein, de donner de l’espoir aux lecteurs du journal, de faire de la science et de glorifier le modèle économique qui permet tant de progrès vitaux pour l’humanité. Le pire de tout, et Gers l’apprendra plus tard : elle pense réellement qu’elle est devenue spécialiste en oncologie, sans examiner de malades, sans voir de patients, sans avoir lu un scanner, une IRM ou un pet-scan de sa vie, par le simple fait d’avoir écouté la bonne parole des grands docteurs. 

Gers reconnaît aussi Durand, un journaliste de la télévision publique française et se demande qui paie son déplacement : les impôts des Français ou l’argent de l’industrie. Il va aller le saluer bien qu’il le déteste cordialement. Pour Gers, il s’agit d’un suceur de roue comme on dit dans les courses cyclistes. Et un vantard. Un vantard arrogant qui réussit à toujours être sur le devant de la scène en travaillant peu. Il ne le supporte pas. C’est aussi un groom, celui qui renvoie les ascenseurs avec servilité et intérêt réciproque. Un groom qui présente une émission médicale tous les matins depuis cent ans. Il s’entoure de nullités journalistiques qui font la promotion à longueur d’antenne de la naturopathie, de l’homéopathie, de l’auriculothérapie, des cures thermales et autres fadaises tout en affirmant que c’est lui, la science, la science des molécules innovantes de l’ASCO. Gers espère qu’un jour quelqu’un lui rentrera dans le lard pour le seul plaisir de démasquer un imposteur mais l’histoire montrera qu’il se désignera tout seul. Comme un grand.

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